Intervenir sur un mur peut exposer à l'amiante
Travailler sur un mur contenant de l’amiante soulève plusieurs problématiques et exigences spécifiques en raison des risques pour la santé associés à ce matériau.
La plupart des murs en amiante, lorsqu’ils sont peints et scellés, ne présentent pas de risque significatif pour la santé. Les murs collés sont généralement stables, sauf en cas de bris ou de rénovations. Le principal risque survient lorsque des fibres d’amiante sont libérées dans l’air lors de la manipulation ou de la détérioration du matériau.
L’amiante dans les murs : bien identifier les matériaux
Les murs peuvent être amiantés lorsqu’ils contiennent des matériaux de construction intégrant de l’amiante (MPCA). L’amiante a été couramment utilisé dans la construction jusqu’à ce que ses effets nocifs sur la santé soient pleinement compris. Voici quelques façons dont un mur peut être amianté :
Isolation thermique
L’amiante a été fréquemment utilisé pour l’isolation thermique dans les murs. Il peut être présent sous forme de flocage ou de matériau isolant.
Revêtements muraux
Certains revêtements muraux, tels que des panneaux de fibrociment, peuvent contenir de l’amiante. Ces panneaux étaient utilisés pour leur résistance et leur durabilité.
Peintures et enduits
L’amiante peut également être présent dans des peintures et des enduits utilisés pour traiter ou décorer les murs.
Colles et mastics :
Dans certains cas, l’amiante était incorporé dans des colles et des mastics utilisés pour fixer des éléments aux murs.
Revêtements extérieurs
Certains revêtements extérieurs, tels que des bardages, pouvaient contenir de l’amiante pour améliorer leur résistance aux intempéries.
Bien évaluer les risques avant
Avant de commencer tout travail sur un mur contenant de l’amiante, une évaluation approfondie des risques doit être effectuée. Cela implique de déterminer la quantité d’amiante présente, son état, sa localisation, ainsi que les mesures à prendre pour minimiser les risques d’exposition.
L’évaluation des risques liés à la présence d’amiante dans un mur est une étape cruciale pour assurer la sécurité des travailleurs et des occupants. Voici les principales étapes à suivre lors de l’évaluation des risques :
Identifier la présence d’amiante et le localiser :
Il est important de déterminer si le matériau du mur contient de l’amiante. Cela peut nécessiter des tests spécifiques effectués par des professionnels qualifiés en conformité avec les normes et réglementations locales.
L’amiante peut se présenter sous différentes façons : flocage, peinture, panneau d’amiante-ciment…Des échantillonnages peuvent être nécessaires et doivent être réalisés par des spécialistes préleveurs. Ces échantillons doivent être analysés en laboratoire pour vérifier la présence de l’amiante.
Evaluer la quantité et l’état de l’amiante :
Il est essentiel de déterminer la quantité d’amiante présente dans le matériau du mur et d’évaluer son état. Les matériaux en bon état, tels que l’amiante encapsulé dans un matériau solide et non friable, présentent généralement un risque moindre que les matériaux friables ou endommagés.
Contrôle en continu sur le chantier
Échantillonnage de l’air
Des échantillons d’air sont prélevés à l’aide de pompes spéciales qui aspirent l’air à travers des filtres. Ces filtres captent les fibres d’amiante en suspension. Les échantillons sont ensuite analysés en laboratoire pour déterminer la concentration de fibres d’amiante présentes dans l’air.
Évaluer les risques d’exposition
Il faut évaluer les scénarios potentiels qui pourraient entraîner une libération de fibres d’amiante dans l’air. Cela peut inclure des facteurs tels que les vibrations, les chocs, l’usure, les infiltrations d’eau, les mouvements du mur, etc.
Déterminer les mesures de contrôle appropriées
Une fois que les risques sont identifiés, il faut mettre en place des mesures de contrôle appropriées pour minimiser l’exposition à l’amiante. Cela peut inclure des méthodes de confinement, telles que l’utilisation de barrières et de systèmes d’isolation, l’humidification du matériau pour réduire la libération de fibres, ou même l’élimination complète du matériau contenant de l’amiante.
Zones de contrôle
Des zones de contrôle peuvent être établies autour de la zone de travail pour limiter la propagation des fibres d’amiante. Ces zones sont généralement délimitées par des barrières physiques telles que des bâches de confinement.
Planifier les travaux et la sécurité :
En fonction des résultats de l’évaluation des risques, il faut élaborer un plan détaillé pour les travaux à effectuer sur le mur. Cela inclut les procédures de sécurité, la formation des travailleurs, l’utilisation d’équipements de protection individuelle (EPI), la mise en place de contrôles d’ingénierie appropriés, etc.
Équipement de protection individuelle (EPI) :
Les travailleurs doivent porter un équipement de protection individuelle approprié, tel que des combinaisons jetables de type 5/6 avec des coutures thermoscellées, des masques respiratoires avec des filtres adaptés à l’amiante, des gants et des lunettes de protection.
Cela vise à réduire leur exposition directe aux fibres d’amiante.
Limiter l’empoussièrement doit être un objectif
Par ailleurs, l’outillage utilisé (ponceuse, perceuse,…) doit limiter l’empoussièrement en étant combiné avec une aspiration à la source avec des filtres de Type H.
On peut aussi utiliser des gels spécifiques pour capter l’amiante au moment du perçage (type Easy-gel ou Gel A+…)
Par ailleurs, si c’est possible, il est préférable de déposer le revêtement avec un agent chimique type smartstrip ou licef à base aqueuse plutôt que manuellement pour réduire drastiquement l’empoussièrement.
Surveillance continue :
Pendant les travaux, il est important de surveiller en permanence les niveaux d’exposition à l’amiante, en utilisant des techniques de mesure appropriées. Cela permet de s’assurer que les mesures de contrôle sont efficaces et que les travailleurs et les occupants ne sont pas exposés à des niveaux dangereux de fibres d’amiante.
Suivi de l’air en continu :
Des appareils de surveillance de l’air en continu peuvent être utilisés pour mesurer en temps réel la concentration de fibres d’amiante dans l’air pendant les travaux. Ces appareils fournissent des informations immédiates sur les niveaux d’empoussièrement et permettent de prendre des mesures correctives si nécessaire.
Nettoyage et décontamination :
Des procédures de nettoyage et de décontamination appropriées sont mises en place pour éliminer les fibres d’amiante après les travaux. Cela peut inclure l’utilisation d’aspirateurs spéciaux équipés de filtres HEPA, le nettoyage humide des surfaces et des équipements, ainsi que la collecte et l’élimination sécurisée des déchets d’amiante. Par ailleurs, toute entreprise qui exécute des travaux sur des matériaux contenant de l’amiante doit mettre à la disposition de ses opérateurs des installations de décontamination. Le choix de l’unité de décontamination se fera en fonction du niveau d’empoussièrement estimé selon les tâches à exécuter :
- niveau 1 : unité ou sas 3 compartiments, avec une douche d’hygiène ;
- niveau 2 : unité ou sas 3 ou 4 compartiments, avec deux douches (décontamination EPI, douche d’hygiène) ;
- niveau 3 : unité ou sas : unité ou sas 4 ou 5 compartiments, avec deux douches (décontamination EPI, douche d’hygiène).